Souvenirs d'enfance

Un joli texte de Bonsai

 

 

Je me souviens à travers les brumes du temps d'une époque qui me semble lointaine et proche à la fois des dimanches d'été passés à la campagne sur la ferme de mon grand-père.

Le départ,

Après la messe du dimanche,je me changeais en mettant mes culottes courtes, un t-hirt et mes vieux tennis noirs. On apportait aussi nos gants de baseball, balle et bâton pour jouer avec nos cousins et cousines qui avaient un chalet tout à côté de la ferme sur le bord de la rivière.
On s'entassaient mes frères, mes soeurs et moi dans la grosse voiture américaine noire (une Plymouth je crois)) de mon grand-père pour se rendre sur sa terre à une vingtaine de kilomètres du village où j'habitais.

La voiture soulevait un gros nuage de poussière derrière sur la petite route de gravier menant à la ferme comme pour signaler notre arrivée. Je me rappelle que la route était bordée d'érables, de saules et de fresnes et longeait la rivière Richelieu . La ferme de mon grand père se trouvait tout au bout du chemin...la dernière maison du rang.

On apercevais au loin la grange qui était sur le sommet d'une petite colline et de couleur rouge vif.

Aussitôt sortis de la voiture,un peu raidi et en sueur, nous étions acceuillis par  Princesse une colley pure race avec son très long nez fin qui venait à notre rencontre en frétillant énergiquement de la queue.

Ah que l'air était bon, on respirait à plein poumons l'odeur de la terre et l'air de la campagne...Des rosiers en fleurs embaumaient le devant de la maison .

Ma grand-mère était toujours sur la galerie de la grande maison de bois peinte en blanc avec ses larges volets verts pour nous accueillir avec son large sourire et son visage tout rougi par le soleil et l'air de la campagne.Tous les enfants avaient droit à son bisou et elle nous serrait chacun notre tour dans ses bras presque de la grosseur d'un homme ...Tout se faisait à la main à l'époque...le pain, le lavage des vêtements, les travaux de la ferme ... Les femmes trimaient presqu'aussi dur que les hommes...Les journées étaient longues.

Mon grand-père descendait de la grange avec une énorme brouette chargée de gros bidons en fer rempli de lait pour les mettre dans la laiterie qui se composait d'un grand bassin rempli d'eau et de glace... Ensuite, il venait à notre rencontre pour nous dire bonjour.

Aussitôt les retrouvailles terminées, on s'éparpillait comme une volée de moineau un peu partout dans les alentours...

On courraient dans la petite montée pour aller jouer dans la grange dans la tasserie de foin ...Les animaux étaient dans les champs. On ira leur rendre visite plus tard.

Par la suite, les filles prenaient les chaises longues en bois sur le parterre gazonnée et rêvassaient à l'ombre des saules bordant la rivière...en caressant les petits chats de la portée du printemps de la chatte.

Les plus jeunes s'amusaient à grimper dans un vieux saule dont le tronc était recourbé presque jusqu'à terre et dont on avait attaché un vieux pneu pour en faire une balançoire.

 

II

 

Moi, je partais avec mon frère d'un an plus jeune pour aller explorer...

...Des planches de bois , empillées les unes sur les autres séchaient au soleil telle une pyramide comme j'avais vu dans mon livre de géographie l'hiver d'avant. Nous grimpions jusqu'au sommet. Nous venions de conquérir l'Éverest avec quelques échardes dans les mains. Le visage tourné vers le vent avec le sourire satisfait, nous savourions notre exploit...

Au loin, on pouvait voir des taches noires et blanches se mouvoir lentement vers la grande bassine de fer..Les vaches allaient boire car le soleil était ardent...

Le tintement d'une cloche retenti d'une des fenêtres de la maison nous annonçant que c'était midi.

L'heure du repas venait de sonner...C'était l'occasion d'un sprint pour qui arriverait le premier car nos ventres vides réclamaient leur dû.

Autour d'une grande table dressée à l'extérieur, ma grand-mère, ma mère et mes tantes s'activaient...

Sur la nappe colorée les assiettes étaient placées, les ustensiles enlignés; fourchettes à gauche, couteaux et cuillères à droite sur des serviettes de tissus. Mais nos regards étaient surtout attirés vers le centre de la table où les mets étaient placés... Des pains de fesses tout frais , de grands bols de salades, des plats de légumes tout justes sortis du jardin de grand-mère, du beurre frais, du creton, quelques poulets dorés et un gros jambon ...Mon estomac émettait de drôles de bruits . J'avais l'impression que tout le monde pouvait l'entendre.

À la première tablée, les plus petits étaient servis en premier et le service allait ainsi selon l'âge ascendant de la famille...Enfin mon tour, j'étais de la deuxième tablée sur trois. La vaiselle était changée et les assiettes s'emplissaient...fallait quand même garder un peu de place pour le dessert.Pendant le repas, on taquinait nos cousines en leur donnant de petits coups de pied sous la table et on riait lorsqu'elles nous tiraient la langue, non sans avoir regardées avant si les parents les voyaient. Après la dernière tablée, un deuxième tour était nécessaire pour les desserts. Là c'était mon moment préféré du repas...Des tartes aux pommes chaudes à l'odeur de cannelle, un gros gâteaux au chocolat, de la crème glacés et des beignets tout frais garnissaient la table ...

Après le repas, le hommes discutaient de pêche debout avec un petit verre à la main près de la table que les femmes s'empressaient de dégarnir. On en profitait pour aller jaser avec les cousins et les cousines pour prendre de leurs nouvelles et pour décider des activités de l'après-midi....

 

III

 

...Tous les garçons étaient en haut sur le bord de la rivière à regarder les hommes embarquer leurs attirails de pêche dans la grosse chaloupe de bois de mon père. Ils partaient à la pêche pour l'après-midi et parfois, ils en désignaient un ou deux parmi nous pour aller pêcher avec eux. Je n'ai jamais eux la chance d'être choisi et je les regardaient s'éloigner de la rive en enviant ceux qui avaient eu cette chance.

Nous discutions à savoir qui ramènerait le plus de poissons ou qui capturera le plus gros...

Le meilleur de tous était mon père qui était un excellent pêcheur à la ligne.

Partie de "flye" ...avait été décidé comme activité de après-midi. Le "flye" est un jeu de balle qui consiste à un frappeur de frapper une balle avec un bâton de baseball le plus haut possible et il fallait attraper la balle avec notre gant de baseball avant qu'elle ne touche le sol...Le premier qui attrapait la balle trois fois allait au bâton pour frapper la balle.Si je n'ai pas mentionné la première,c'est que les filles n'arrivaient pas à l'attrapper.Sauf peut-être, ma soeur de deux ans mon ainée qui jouait comme un garçon. Pis une fille au bâton ,ça avait de la misère à frapper grrrr......

La partie se jouait dans le champs des vaches car le terrain était vaste.

Le truc à ce jeu était de durer le plus longtemps possible au bâton...Pour ça, ben on frappait la balle du côté des filles car, pour ne pas salir leur souliers dans les "bérêts" (bouses de vaches), elles regardaient où elles marchaient et elles perdaient la balle de vue et n'arrivaient pas à l'attrapper avant qu'elle ne tombe au sol.Pour contourner ce problème, les garçons s'installaient pas trop loin des filles pour réussir l'attrapper. Parfois,cela conduisait à des collisions entre les deux groupes et ça terminait dans les bérêts finalement.

Avec la chaleur de l'après-midi, l'ardeur au jeu refroidissait alors c'était de temps de la baignade à la rivière sous la surveillance bien sûr de nos tantes. On revêtait nos maillots et comme un troupeau de phoques on se garochaient à la rivière... Ça faisait un bien fou de se rafraîchir.

On s'arrosait et on faisait des "bombes", à partir du quai, aux filles qui criaient .On longeait la rive à la découverte des petits animaux marins qui nous intriguaient...À notre approche, les grenouilles se sauvaient comme des ressorts.

Après la baignade, nous allions voir les vaches de plus près car elles avaient commencées à s'approcher de la grange. Cette fois, toutes les précautions étaient prises pour ne pas mettre les pieds où il ne fallait pas.C'était impressionnant à voir ces grosses bêtes avec des cornes...Seuls les plus braves d'entre-nous osaient s'approcher pour les toucher. Les filles restaient de l'autre bord de la clôture...probablement pour ne pas salir leurs souliers.

Je me souviens aussi d'une plus grosse bête restée un peu à l'écart avec des cornes énorrrrrrmes...c'était le taureau de la ferme. Et si on allait l'agacer un peu comme dans les vues (cinéma)... Alors on enlevait nos t-shirt que l'on faisait voltiger au-dessus de nos têtes et on criait après lui pour attirer sont attention.Tous à coup, il gratta le sol et partit au pas de course vers nous...C'était la débandade et la course vers la clôture que nous semblait bien loin. Ça y est encore quelques mètre à faire et ensuite fallait sauter la clôture barbelée... et scrachhhh le fond de culotte de mon frangin à coté de moi venait de rester sur la côture mais il était sain et sauf de l'autre côté... C'était le fou rire . Sûr qu'il sera puni pour avoir déchiré ses culottes et nous on se fera engeuler par grand-père pour avoir excité le taureau...Pour l'instant cela ne nous importait peu car on vait réussi à sauver notre peau d'un grand danger. Les filles étaient parties bavasser à grand-mère de ce qui venait d'arriver.

Les hommes revenaient de la pêche avec tout pein de poissons et comme d'habitude mon père avait été le meilleur...J'étais bien fier devant mes cousins.

Ma mère venait nous voir pour que l'on ramasse nos affaires car l'heure du départ était arrivé.... On allait saluer nos cousins et faire un bisou à nos cousines qui rougissaient comme des pivoines.

C'était le retour à la maison ...tout le monde gardait le silence pour mieux revivre le souvenir d'un bel après-midi à la campagne chez mon grand-père.

 

Ce fût la seule année que je vécu ces magnifiques journées à la campagne.

 

Ma mère tomba malade  dans l'hiver suivant et mon père ne pouvait s'occuper de 13 enfants nous fûmes placés au pensionnat...

 

J'avais 9 ans et n'y ressorti qu'à l'âge de 16 ans...

 

©Bonsai 24 Juillet 2006

 

Merci François de m'avoir permis de mettre ton texte sur mon site
J'ai vécu à te lire, cette journée à la campagne, comme si j'y étais.

 

 

 

 

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