Toute grâce et toutes nuances
Toute grâce et toutes nuances
Dans l'éclat doux de ses
seize ans,
Elle a la candeur des enfances
Et les manèges
innocents.
Ses yeux, qui sont les yeux d'un
ange,
Savent pourtant, sans y penser,
Eveiller le désir
étrange
D'un immatériel baiser.
Et sa main, à ce
point petite
Qu'un oiseau-mouche n'y tiendrait,
Captive
sans espoir de fuite,
Le coeur pris par elle en
secret.
L'intelligence vient chez elle
En aide à
l'âme noble ; elle est
Pure autant que spirituelle :
Ce
qu'elle a dit, il le fallait
Et si la sottise
l'amuse
Et la fait rire sans pitié,
Elle serait, étant
la muse,
Clémente jusqu'à l'amitié,
Jusqu'à l'amour
- qui sait ? peut-être,
A l'égard d'un poète épris
Qui
mendierait sous sa fenêtre,
L'audacieux ! un digne
prix
De sa chanson bonne ou mauvaise !
Mais
témoignant sincèrement,
Sans fausse note et sans
fadaise,
Du doux mal qu'on souffre en aimant.
Paul Verlaine
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A bientôt :-)
Lou